Pour lutter efficacement contre une maladie, il faut comprendre son mécanisme d’action. Des chercheurs d’une start-up française viennent justement de découvrir comment le VIH parvient à faire dysfonctionner le système immunitaire des personnes atteintes. Ils ouvrent ainsi la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques.
Comment le virus de l’immunodéficience humaine, le tristement célèbre VIH, agit-il sur notre système immunitaire ? Près de 40 ans après sa découverte, la question se posait toujours. Mais les chercheurs de Diaccurate, une start-up française spécialisée dans la biotechnologie, viennent de faire en la matière, ce qui semble être une découverte majeure et ce, avec le soutien de plusieurs partenaires de renom comme l’Institut Pasteur, le CNRS ou l’Inserm.
Rappelons que, dans le monde, près de 40 millions de personnes vivent avec le VIH. Ce virus a ceci de particulier qu’il s’attaque directement aux lymphocytes — et notamment à ceux que l’on nomme les CD4+ –, ces globules blancs qui jouent un rôle clé dans la fonction immunitaire. Il en diminue le nombre et rend dysfonctionnels ceux qui restent, exposant l’organisme aux infections et aux cancers. C’est connu depuis bien longtemps.
Mais, étonnamment, alors que moins de 1 % des lymphocytes T CD4+ sont infectés par le virus, la totalité d’entre eux apparaît dysfonctionnelle. Et c’est ce phénomène que les chercheurs peinaient à expliquer. « Notre découverte montre comment le virus coopère avec une enzyme du patient pour induire un dysfonctionnement lymphocytaire et permettre au VIH de neutraliser la réponse immunitaire du patient », explique le professeur Jacques Thèze, cofondateur de Diaccurate dans un communiqué.
Les chercheurs de Diaccurate espèrent que l’anticorps qu’ils ont développé aidera à neutraliser l’enzyme PLA2G1B pour obtenir une rémission de l’infection par le VIH. Et, potentiellement aussi, de certains cancers. Ici, en illustration, des anticorps attaquant un virus. © Christoph Burgstedt, Adobe Stock
Vers un anticorps capable de traiter cancers et Sida ?
Plus précisément, les chercheurs pointent le rôle de l’enzyme PLA2G1B — autrement dit la phospholipase endogène A2 Groupe 1B — une enzyme naturellement sécrétée dans notre système digestif par notre pancréas. Chez les patients atteints par le VIH, il s’avère que les lymphocytes CD4, fragilisés par un fragment du virus — une protéine d’enveloppe gp41 qui se fixe aux lymphocytes –, vont être attaqués par cette enzyme. Avec, pour conséquence, une déformation de leur membrane par l’agrégation de protéines de manière non homogène.
Ce mécanisme semble expliquer à la fois la réduction du nombre des lymphocytes T CD4+ et leur perte d’efficacité. Car plus de 80 % des lymphocytes T CD4 des patients infectés présentent des anomalies morphologiques. Les chercheurs qualifient ces cellules de cellules bosselées. Et leur découverte ouvre la voie à de nouvelles pistes thérapeutiques.
Diaccurate annonce d’ailleurs avoir déjà développé un anticorps monoclonal humanisé nommé Plazumab qui neutralise l’enzyme PLA2G1B et inverse le processus. Cet anticorps entre aujourd’hui dans une phase de développement préclinique réglementaire. Il pourrait aussi être utile au traitement de certains cancers. Mais le chemin jusqu’à une thérapie anti-VIH sera encore long et coûteux.
Source: https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/vih-sida-decouverte-majeure-traitement-vih-79899/